L’univers concentrationnaire nazi


Durant la Seconde Guerre mondiale, les Nazis ont mis en place de 1933-1945 un univers de camps et de commandos.

Les Nazis ont interné en camps des opposants, des communistes, des Juifs, des homosexuels, des Tziganes, des mendiants et des handicapés jugés nuisibles au développement de la « race aryenne » qu’ils considéraient comme « la race pure ». Ils étaient envoyés dans des camps de concentration dès 1933 et les Juifs dans des centres de mise à mort dès 1941.

En France, on estime que 167 000 personnes ont été déportées. 76 000 d’entre eux, dont 11 000 enfants, étaient juifs et environ 91 000 étaient résistants.

Nous allons nous demander comment était organisé le système concentrationnaire qui vise à déshumaniser des individus.

 

1. Le but des nazis

 

Dans les camps de concentration, les Nazis annoncent vouloir « rééduquer » par le travail les opposants. En réalité, ils essaient surtout de les faire mourir par le travail forcé. Ils ne les respectent pas du tout en tant qu’individu.

Les prisonniers servaient de main d’œuvre aux Nazis (parfois en servant l’effort de guerre allemand mais aussi en faisant des travaux qui n’avaient aucune utilité. Ils devaient déplacer des cailloux d’un tas à un autre par exemple, cette tâche n’avait pour but que de les occuper et de les tuer au travail). Walter Bassan, que nous avons rencontré, a été déporté à Dachau, un camp de concentration allemand.

 

Si les opposants sont envoyés majoritairement en camp de concentration, les Juifs sont envoyés dès 1941 dans des centres de mise à mort.

L’arrestation des Juifs avait pour but de « purifier l’espace vital » (selon les idées nazies) mais aussi de les exterminer. Les Juifs étaient plutôt déportés en centres de mise à mort dès 1941 soit pour y être immédiatement tués dans des chambres à gaz soit pour travailler dans les deux seuls « camps mixtes » (Auschwitz et Majdanek) dans des usines, à la construction de routes, de chemins de fer ou dans les Sonderkommando.

 

2. Les camps

 

Les camps de concentration se trouvaient majoritairement en Allemagne, en Autriche, Tchécoslovaquie, en Pologne et un se trouvait en France (le Struthof).

 

Les centres de mise à mort, au nombre de 6, se trouvaient en Pologne : Auschwitz, Belzec, Majadek, Sobibor, Treblinka, Chelmno.

 

A Majadek, on trouve comme dans de nombreux camps une chambre à gaz et un crématoire. Le but du système concentrationnaire nazi était donc bien de tuer. Par exemple, 80 000 personnes trouvèrent la mort à Majadek (principalement des Juifs) dont 18 000 personnes en une journée : le 3/11/1943.

 

Carte du système concentrationnaire nazi
Carte du système concentrationnaire nazi

 

Au total, sur environ 11.500.000 Juifs d'Europe, 5.500.000 sont morts soit environ 48 %.

 

Un million et demi de Juifs sont morts à Auschwitz.

 

 

3. L’exemple du camp de Dachau

 

Vue des baraques et de l'usine de munitions dans l'une des premières photos du camp de concentration de Dachau. Dachau, Allemagne, mars ou avril 1933.
Vue des baraques et de l'usine de munitions dans l'une des premières photos du camp de concentration de Dachau. Dachau, Allemagne, mars ou avril 1933.

Situé en Bavière, près de Munich, c’est le premier camp crée le 20 mars 1933, quelques semaines après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. C’est le modèle sur lequel seront construits les autres camps. Les détenus y sont des opposants politiques, sociaux-démocrates, communistes, témoins de Jéhovah, des Juifs, des Tziganes et des homosexuels.

Jusqu’à 1939, les 35 375 détenus sont allemands, autrichiens, tchèques et polonais.

A la Libération, 30 nationalités sont présentes. 12 500 Français sur 200 000 personnes y ont été déportés, dès l’été 1940.

Dans l’été 1944 les convois amènent de Compiègne, Dijon, Lyon et Bordeaux 6 000 déportés de France, ils sont répartis entre le camp principal et ses Kommandos.

Ce sont au total 169 Kommandos qui dépendent de Dachau où de nombreux déportés de Haute-Savoie sont détenus. C’est le cas de Walter Bassan qui y est interné à 17 ans.

Le 26 avril 1945, André Bonnet, de Seynod, jeune déporté d’à peine 16 ans, est le seul Français à faire partie de la mission d’évasion de Karl Riemer avec une majorité de détenus allemands. Leur objectif était d’aller à la rencontre des troupes américaines pour les informer de la situation du camp.

Sur plus de 200 000 prisonniers enregistrés au camp de concentration de Dachau, 31 591 personnes au moins sont mortes, selon les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

 

 

4. Cobayes humains

 

Dans tous les centres de mise à mort et certains camps de concentration, des détenus furent utilisés comme cobayes humains pour les criminelles expériences soi-disant médicales des Nazis. Ces expériences servaient pour le compte de l’armée et des grandes firmes pharmaceutiques. Ces essais permettaient les tests de nouveaux traitements, vaccins, stérilisations ou encore des recherches prétendument scientifiques sur « l’hérédité » (pratiques sur hommes, femmes et enfants provoquant d’atroces souffrances et entraînant souvent la mort des victimes).

 

 

5. Déportation des Hauts Savoyards

 

 

Cette carte de Michel Germain, qui est reproduite dans le livre Noël 1943 , Le massacre d’Habère-Lullin des amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, nous montre les camps de concentration et les centres de mise à mort où on déportait les personnes arrêtées en Haute-Savoie pendant la guerre.

 

6. La négation de l’Homme dans le système concentrationnaire

 

Les détenus seront déshumanisés de multiples façons dans les camps, par les humiliations, la violence, les travaux forcés et la négation des besoins vitaux (voir article sur la faim, la soif et le manque de sommeil).

 

Robert Antelme parle dans son livre l’espèce humaine de cette contradiction entre le détenu qui n’a plus l’apparence humaine et qui n’est plus considéré comme un homme et le kapo qui lui a gardé « la forme humaine » et a la considération des SS : «[ ...] la contradiction écrasante pour l’observateur entre la guerre qui se poursuit là-bas et se grouillement d’ici c’est premièrement la figure pleine du kapo (qui, lui, a gardé la forme humaine-jamais elle n’aura été aussi insolente, aussi ignoble qu’ici jamais elle n’aura recelé un aussi gigantesque mensonge) et deuxièmement, le sourire du SS qui en donnent la clé[...]. La plupart d’entre nous ne savaient rien de l’histoire du camp; histoire qui expliquait assez cependant les règles que les détenus avaient été amenés à s’imposer, et le type d’hommes qui en étaient issus. Nous pensions que c’était ici le pire de la vie de concentration parce que Buchenwald était immense et que nous étions égarés […] ».

 

Le système concentrationnaire semble créer un « homme à part » qui va devoir lutter pour survivre et rester un homme alors que les nazis ne veulent plus qu’il en soit un.

 

Les Nazis veulent que le détenu devienne un animal, qu’il se comporte comme tel. En réalité, Walter Bassan nous a dit qu’à Dachau par exemple, les détenus se sont battus pour rester des Hommes. Ils ont fait preuve de solidarité pour garder leur humanité qu’on voulait leur nier (voir témoignage de Walter Bassan et article sur la solidarité dans les camps).

 

Emma Gaydon-Curtillet, Zoé Rondot, 3°1

 

 


 

Sources :

 

Supplément du journal patriote résistant n°914- decembre 2016

 

L’espèce humaine, Robert Antelme, Gallimard, 1952

 

Site internet des amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation

 

 

Légende

Source du document

Carte du système concentrationnaire nazi

http://www.afmd.asso.fr

Chambre à gaz de Majdanek, Pologne

© Marie Berthod

Chambre à gaz de Majdanek, Pologne

© Marie Berthod

Crématoire de Majdanek, Pologne

© Marie Berthod

Entrée du camp d’Auschwitz

© Marie Berthod

Vue des baraques et de l'usine de munitions dans l'une des premières photos du camp de concentration de Dachau. Dachau, Allemagne, mars ou avril 1933.

The United States Holocaust Memorial Museum

Table d’ « expérience », Majadanek, Pologne

© Marie Berthod

Carte des camps « fréquentés » par les déportés arrêtés en Haute-Savoie

Mémorial de la Déportation de Michel Germain