Lettres d'élèves - travail de Français


En Français, après les lectures du journal d'Helga, Helga Weissova et de J'ai pas pleuré, Ida Grinspan, nous avons écrit sur le thème du CNRD. Voici les différents sujets d’écriture que nous a donnés Mme Ardizonne, notre professeur de français.

 

Sujet A : J'ai pas pleuré, Ida Grinspan.

 

Mettez-vous dans la peau d'Ida qui répond aux ordres du médecin (p.101) lui demandant d'écrire afin de recontacter sa famille. Écrivez cette lettre dans laquelle elle raconte son expérience du système concentrationnaire nazi et reprend contact avec sa famille.

 

Première lettre écrite par un élève :

 

       Hôpital de Paris, 28 mai 1945.

Cher frère,

 

     J’espère que tu vas bien. Au moment où je t’écris je suis à l’hôpital, ma santé est faible. Mais ne t’inquiète pas le docteur a dit que ce n’était rien de grave. Je n’arrive pas à croire que je suis ici. Quelle chance j’ai eu ! J’ai vécu tellement de choses atroces là-bas.

 

     Ce qui me marque le plus était certes toutes ces personnes qui souffraient mais surtout la déshumanisation que les nazis faisaient subir aux juifs. Des centaines de kilomètres nous séparent du camp, que nous sommes déjà comparés à des animaux. On nous entasse dans des wagons à bestiaux. Le voyage est long, j’ai faim, j’ai soif, l’odeur est invivable.

 

Arrivés au camp, les SS nous séparent en deux groupes, cela m’effraie. Certains pour aller mourir, d’autres comme moi pour aller travailler. On me coupe les cheveux, confisque mes affaires, me déshabille. Je dois mettre un pyjama fin, je me sens humiliée, plus moi-même. Dehors il fait froid. Nous dormons toutes serrées les unes contre les autres pour nous réchauffer mais la couverture est trop courte.

 

Depuis l’arrivée au camp je ne me souviens pas d’avoir vu un SS qui nous prenait en charge. C’était des déportés eux aussi. On m’a tatoué un numéro sur le bras comme de la marchandise. Heureusement j’ai fait des connaissances. Le travail était dur. Je travaillais dehors, je devais porter des gros blocs de pierres. On se levait avec le soleil, on travaillait des heures et on se couchait à dix-huit heures. Pour le repas, nous mangions de la soupe avec quelques misérables bouts de choux qui flottaient à la surface, et du pain. Puis j’ai travaillé à l’épluchure de patates qui servaient pour la soupe. Pour finir, j’ai travaillé à l’industrie d’armement. Cette fois le travail était moins dur que les deux précédents. On fabriquait des bombes.

J’ai eu une information que notre père se trouvait ici, j’ai essayé de la retrouver mais sans succès.

Voilà l’atrocité dans laquelle j’ai vécu pendant deux hivers. Je garde espoir de revoir bientôt papa et maman. J’espère que tu me rendras visite

 

                                                                                                                  Ida

 

2° lettre écrite par une élève :

 

 

Mai, 1945

Hôpital à Paris, France

            Cher frère,

            Sous les ordres du médecin qui m'a prise en charge, pour me libérer de tout ce que j'ai vécu et pour recontacter mes proches, je t'écris.

            Le jour du 23 février, des policiers sont venus à la campagne pour me chercher, et ils m'ont dit de prendre mes affaires précieuses, à ce moment-là une terrible incompréhension m'a envahie. Alice ne voulait pas me laisser partir mais elle le devait. Ils m'ont amenée alors à Drancy où je suis restée peu de temps.

            Ensuite, un train à bestiaux est venu nous chercher. Dans ce train ni nourriture, ni eau ne nous étaient donnés et il n'y avait pas d'hygiène. Je l'ai vécu comme une humiliation, je me sentais horriblement sale et j'avais faim.

Enfin arrivés dans un semblant de gare, ils nous ont demandé de quitter nos sacs pour nous les voler par la suite. A ce moment, j'ai développé une haine immense. On devait se faire trier comme des objets sans valeur. Par instinct, j'ai menti sur mon âge et j'ai été prise pour travailler, ce qui m'a sauvée d'une mort horrible. Ensuite, ils nous ont coupé les cheveux et nous ont ordonné de nous déshabiller pour nous laver, ils nous ont tatoué aussi des chiffres. Ceci était un grand moment de honte et de perte d'identité.

Après, j’étais prise pour faire de lourdes tâches et j’ai subi la marche de la mort. A ce stade, je ne pensais qu'à survivre et à ne pas me morfondre. Je suis restée deux longs hivers sous une menace constante où l'on voyait la mort tous les jours et entendait des cris perçants. Voilà qu'en 1945, le fin de la guerre se déclarait et les soviétiques nous délivraient, j'étais sauvée et terriblement heureuse.

            Je pensais te revoir tôt mais je suis très faible, les médecins veulent me garder. J'espère te revoir vite et que tout va bien. Toutes mes pensées. Réponds-moi.

Ta sœur, Ida

(lettre imaginée par Jeanne Richard, 3°1)

 

3° lettre écrite par une élève :

 


À Paris le 23/01/1945

 

Cher frère,

 

Je vous envoie cette lettre pour vous décrire à quel point c'est dur d'être fait prisonnier dans des camps de concentration. On ne mange et on ne boit pas à notre guise. Quand je suis arrivée, je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il m'arrivait. A chaque fois qu'un juif fait une faute, un SS le bat.

 

En arrivant au camp ils nous ont demandé de nous déshabiller, d'enlever tous nos vêtements même nos chaussures, j'avais honte de faire cela. Les SS nous ont aussi ordonné de déposer toutes nos affaires même les plus précieuses, ensuite ils nous ont rasé de partout pour nous faire perdre notre identité. Ce ne sont pas les SS qui nous rasaient mais les juifs du Sonderkommando. Je l'ai vécu comme une humiliation mais aussi comme une trahison vis-à-vis des juifs. Ils étaient en train de nous déshumaniser.

 

Ce qui s'est passé au camp est horrible, des centaines voire des milliers de juifs ont été gazés ou abattus. Nous couchons dans des chambres, toutes entassées les unes sur les autres, les SS avaient demandé notre âge, j'ai menti sur le mien car je me suis dit que les adultes avaient plus de chances de survivre que les jeunes. Après ça ils ont emmené ceux qui avaient le plus de chance de travailler dans ce camp. J'en faisais partie, nous avons été déportés à Auschwitz dans ce fameux camp de travail. Pendant la marche de la mort, j'ai eu énormément froid, mes pieds ont littéralement gelé, on m'a emmenée à l'infirmerie, ou une certaine Wanda s'est occupée de moi, elle a été très attentionnée, pas comme les autres, je peux même dire qu'elle m'a sauvé la vie.

 

Suite à ça, plusieurs médecins sont venus et m'ont demandé de reprendre contact avec vous, j'ai tout de suite accepté. Si vous saviez à quel point vous me manquiez, j’espère rentrer bientôt mais cela risque de prendre du temps. J'ai peur qu'en me voyant vous ne me reconnaissiez pas.

 

Sur ce, à très bientôt, en espérant vous revoir très vite.

 

Ida

 

(lettre écrite par Marie Krol, 3°1)

 

 

 

Sujet B : Le journal d'Helga, Helga Weissova. (moyens-bons lecteurs)

 

Reprenez le journal d'Helga un mois après la libération et dans une dernière page de journal intime, mettez-vous dans la peau d'Helga qui fera le bilan de son vécu du système concentrationnaire nazi.

 

 

1° lettre écrite par une élève :

A Prague, juin 1945

  Nous sommes un mois après notre libération. La vie a repris son cours, je vais à l’école et maman a été embauchée comme couturière. Chaque nuit, j’ai peur, peur que cela recommence, jamais je ne pourrai oublier ce que j’ai vécu. Je me rappelle du début : les convocations, l’administration, les longues heures d’attente puis la montée dans le train.

  Ensuite, il y a eu l’arrivée dans le ghetto de Terezin. Dans ce ghetto, on a vécu l’horreur ; notre séparation avec papa, la faim, la soif, la peur, le froid, les réveils au milieu de la nuit, la saleté, les maladies, les poux et les déménagements obligatoires d’une baraque à une autre dans le vent, la pluie, la neige, le soleil et le froid. Mais, dans ces moments durs, il y a eu des moments de joie comme l’arrivée des tantes et la rencontre d’Ota. Ce qu’on a vécu à Terezin n’était rien en comparaison d’Auschwitz. Papa et Ota sont partis dans ce camp, le lendemain, nous étions sur la liste du convoi pour Auschwitz. On aurait pu ne pas partir mais nous tenions à rejoindre Ota et Papa.

Nous sommes arrivées à Auschwitz mais nous n’avons pas retrouvé Ota et Papa. Les SS ont failli nous séparer avec maman mais nous sommes restées ensemble. Ils nous ont fait nous déshabiller et nous ont rasé les cheveux et  puis nous ont envoyées dans des baraques. Dans ces baraques, nous dormions par terre et ils ne nous donnaient  presque pas à manger et à boire. J’ai beaucoup souffert. Nous n’avions pas le temps de nous doucher. Dans ce camp, un chemin menait aux chambres à gaz, on y entendait souvent des cris  mais heureusement nous n’y sommes jamais allées avec maman.

A la fermeture du camp, nous avons été envoyées dans une usine pour construire des avions  12 heures par jour sans pause. J’étais extrêmement fatiguée. Puis, on nous a envoyés dans des trains à bestiaux : je ne comprenais pas pourquoi on nous traitait comme ça. Comme c’étaient des wagons ouverts et qu’il pleuvait souvent, nous étions tous mouillés. Le train  s’arrêtait souvent dans des gares. Des personnes venaient nous donner à manger mais elles donnaient tout au chef de l’usine Sara. Il a tout gardé pour lui donc nous n’avions que des morceaux de pain à manger. Maman était très faible quand nous sommes arrivées à Mauthausen; j’étais désespérée car je ne savais pas quand allait finir la guerre. Mauthausen était un camp de concentration. Quelques jours après notre arrivée, ça a été la fin de la guerre. J’ai fait partie d’une centaine d’enfants rescapés des camps...

 

Ecrit par Cléo Arens, 3°2

 

 

 

2° lettre imaginée par une élève :

 

                                                                                                                      20 juin 1945, Prague

 

            Je suis restée si longtemps loin de chez moi que je ne reconnais plus rien. Il faut dire qu’après ce que j’ai vécu avec maman ; rien ne serait reconnaissable à nos yeux : la chaleur de la maison, la douceur de ceux qui nous ont accueillies à Prague, le goût de la nourriture, le confort de mon lit.

A Terezin, nous n’étions plus rien, rien que des numéros qu’il fallait essayer de tuer par le travail ou la maladie. Aujourd’hui, mes cheveux ont repoussé, je suis en pleine santé (physiquement), propre, pas de poux ni crasse, rien ! Maman aussi est de nouveau sur pied ! Je me souviens de son état dans le train après Auschwitz, nous n’en pouvions plus et je voulais qu’on mette fin à nos jours ! Je me rappelle de la peur constante d’être gazée ou bien tuée par une balle dans la tête, de cette angoisse qui me paralyse encore dans mes rêves. J’ai relu mes journaux et je me demande comment j’ai survécu à tout ça ! Toutes ces horreurs : le manque de nourriture, le froid, la fatigue, la maladie, les SS, les pleurs, les coups, la crasse et la peur ! Elle est présente dans chacune des pages que j’ai écrites ou dessinées, dans chacune de mes phrases et dans chacun de mes mots. J’aimerais les brûler et que ma douleur et mes traumatismes partent avec eux, mais j’ai promis à papa de les garder, pour raconter ce qu’il s’est passé et dénoncer le régime nazi !

Je pense souvent à papa et à Ota, j’ai retrouvé leurs noms sur un mur et je pense qu’ils ont été gazés… Je suis accablée par cette horrible nouvelle !

 Ceux qui liront mon témoignage seront, je l’espère, sidérés par cette cruauté et cette négation de l’humain à notre encontre ! Ils ne peuvent imaginer ce que tant de personnes ont traversé, plus de morts que de survivants, mais je leur souhaite de ne jamais avoir à le vivre.

Sur ce, au revoir, maman m’appelle pour manger, ensemble.     

Ecrit par Héloïse Petitjean, 3°2