La négation de l’homme durant le trajet de déportation


Avant d’arriver dans un camp nazi, les déportés doivent subir un voyage de plusieurs jours dans des conditions épouvantables. En quoi les conditions de déportation vers les camps sont-elles inhumaines? En quoi les besoins vitaux des prisonniers sont-ils niés pendant le trajet de déportation vers les camps ?

 

Le témoignage d’Ida Grinspan sur le trajet de déportation

 

En français, nous avons lu le livre d’Ida Grinspan, intitulé J’ai pas pleuré. Nous allons d’abord nous baser sur son témoignage pour étudier les conditions de déportation.

 

Ida Grinspan montrant des photographies d’elle avant son arrestation et à sa libération

http://lewebpedagogique.com/hgecfillion/26203/

 

Ida Grinspan est née en 1929 à Paris. Elle est juive tout comme sa famille. Sa mère est déportée le matin du 16 juillet. Puis son père est déporté tout comme son grand frère.

 

Ida est envoyée dans un camp d’internement à Drancy (près de Paris). Elle reste là-bas pendant une semaine. Peu de temps après, elle est envoyée à Bobigny par bus pour ensuite être déportée à Auschwitz.

 

Une fois arrivée à Bobigny, Ida voit un immense train arriver puis elle est forcée de monter dans ces wagons à bestiaux qui possèdent des portes à glissière, où tous les Juifs sont entassés.

Un wagon ayant servi à la déportation vers Auschwitz. Camp d’Auschwitz

© Marie Berthod

 

Les SS nazis verrouillent tous les wagons une fois qu’ils ont fait entrer le plus de monde possible. Dans chaque wagon, il y a environ 80 personnes mais cela peut varier et peut aller jusqu’à 90-100 personnes. Les wagons ne sont pas très grands.

 

L’horreur dure trois jours et trois nuits. Au début, les déportés ont le droit à un seau d’eau pour tous. Ida raconte qu’ils ont aussi un autre seau pour leurs besoins personnels, ce seau-là est appelé « la Tinette ». Bien sûr, le seau d’eau est très vite vidé et l’autre rapidement rempli. Tout le monde crevait de soif et évidemment avait très faim raconte Ida. Ils essayaient de trouver des astuces, des positions pour dormir mais cela est difficile car la place manque.

 

Selon Ida, il y avait de la solidarité car 2 hommes ont tenu un manteau pour un autre homme qui devait faire ses premiers besoins. Ce manque d’intimité soudain a été horriblement vécu.

 

Tous les Juifs avaient envie de sortir du wagon pour avoir de l’air frais vu que le wagon sentait absolument horrible. Elle raconte que ce trajet a été un pire moment de toute la déportation.

Carte des principales déportations vers les centres de mise à mort, 1942-1944

www.ushmm.org

 

Puisque le but était d’humilier, les besoins fondamentaux de l’Homme étaient complètement niés durant le trajet :

 

1. Manque de sommeil :

Pendant le voyage, les déportés ne dorment pas car ils sont tellement serrés qu’ils ne peuvent pas se coucher ni s’asseoir. Ils ne savent pas quand ils vont arriver, si ça va se terminer un jour… Cela peut rendre les déportés fous. Les conditions climatiques (chaleur ou froid) empêchent aussi le sommeil.

 

2. L’eau et la nourriture :

Les déportés n’ont pas de nourriture et très peu d’eau. Cela engendre de terribles problèmes car en tant qu’humain ils ont besoins d’eau et de nourriture pour survivre. Les nazis les nient, ne les voient pas en tant qu’êtres humains.

 

3. Les besoins personnels (=l’hygiène) :

L’hygiène est terrible, ça sentait horriblement à cause des excréments humains. Ils avaient juste un petit seau pour leurs besoins, qui débordait vite. Les excréments et l’urine débordaient du seau, ce qui les humiliait encore plus.

 

  Un wagon ayant servi à la déportation vers Auschwitz. Camp d’Auschwitz

© Marie Berthod

 

Les personnes luttent avec leur esprit pour survivre à cet horrible trajet. Tous le veulent. Des hommes ont parfois dû boire leur urine pour survivre pendant des jours de canicule. Des bébés sont morts durant le voyage, déshydratés et affamés.

 

Le trajet de déportation était pour tous les déportés l’un des moments les plus humiliants, horribles et marquants du système concentrationnaire nazi. Il était fait pour faire perdre leur humanité aux déportés pour qu’à l’arrivée au camp ils ne soient plus que des automates qui ne puissent plus se révolter.

 

Angus Taylor, Thomas De Giacometti, Ugo Landrat, 3°2

 


Sources :

 

J’ai pas pleuré, Ida Grinspan, Pocket, 2012

https://www.ushmm.org

Témoignage filmé d’Ida Grispan sur www.memorialdelashoah.org