L’histoire d'Adélaïde Hautval


Adélaïde Hautval était un médecin français, née en Alsace et qui parlait couramment l’allemand.

 

Elle est arrêtée pour avoir passé illégalement la ligne de démarcation puis elle est intervenue face à des SS qui battaient une famille juive à Bourges.

 

Suite à cette intervention, la résistante française est internée dans une prison de Bourges puis dans divers camps comme Pithiviers et Beaune-la-Rolande où elle fut le témoin impuissant de scènes horribles. Elle s’oppose aux gardiens en disant « les Juifs sont des gens comme les autres. » et épinglera même sur ses vêtements un morceau de papier jaune portant la mention « amie des Juifs ».

Six mois après, elle est déportée à Auschwitz depuis Romainville le 24/01/1943 (dans son convoi se trouvaient 230 femmes, dont la plupart étaient des détenues politiques). 160 femmes étaient déjà mortes. Dans les deux mois qui suivirent, le docteur Hautval est appelée comme médecin au bloc des expériences humaines.

 

Ne voulant pas intervenir, elle est convoquée chez le médecin chef-SS. Voilà ce dont elle a témoigné par la suite à ce sujet: « Je suis troublée, car voilà une chose à laquelle je ne veux pas participer. Ayant sans doute remarqué ma réticence, ils me questionnent, me demandent quelle est mon opinion sur la stérilisation. L'occasion est unique. Je pense qu'une question directe mérite une réponse directe. Je dis : " J'y suis absolument opposée." Je ne puis m'empêcher de répondre que dans ce camp, bien des gens étaient différents de moi, par exemple lui-même".

 

Elle s’attendait à être exécutée sans tarder. Lorsque l’ordre de l’exécution arriva, elle fut cachée par une camarade politique allemande qui était le chef de l’infirmerie. Elle a ensuite été déportée à Ravensbrück où elle a survécu jusqu’à la Libération.

 

 

 

Lors d’une déposition de Mme Hautval en Angleterre, l'un des juges a affirmé: " Voilà l'une des femmes les plus impressionnantes et courageuses ayant jamais comparu devant un tribunal dans ce pays"

 

En 1965, elle fait partie des premières à recevoir le titre de « Juste parmi les nations » (il s’agit de la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël). Elle reçut un diplôme d’honneur de « Juste parmi les nations » de la part de Yad Vashem, ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée une phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Les noms des Justes français, dont celui d’Adelaïde Hautval, sont inscrits sur le « Mur des Justes » à Paris, à côté du Mémorial de la Shoah.

 

Il y a aujourd’hui en France un hôpital portant son nom .

 

L'histoire d’Adélaïde Hautval a bien un rapport avec la déshumanisation et la négation de l'Homme car celle-ci a risqué sa vie en refusant de collaborer avec les SS, elle a refusé de participer à l’entreprise de déshumanisation organisée par les SS. Elle ne voulait pas nier l'existence des Juifs et elle se disait "amie des Juifs". Elle n'a pas non plus voulu faire d'expériences sur ces personnes prétendument différentes.

 

Flavie Delerce et Lou Ducrot 3°1

 

 


Sources:

 

Mavis HILL et L. Norman Williams, AUSCHWITZ en Angleterre. L’affaire Dering, Calmann-Lévy , 1971 (extraits tirés du dossier préparatoire 2016 / 2017 sur le CNRD. )

 

Extrait du Livre des Justes pp.83-87, Éditions JCLattès 1995.

yadvashem.org

 

Sources images:

images 1, 2 et 3: yadvashem.org

Images 4, 5 et 6: © Marie Berthod